Les ménages qui ont un projet immobilier vont pouvoir l’envisager plus sereinement. Le Haut Conseil à la stabilité financière (HCSF), réuni jeudi, a annoncé qu’il allait assouplir ses recommandations en matière de prêts aux particuliers. Les ménages pourront emprunter plus et dans certains cas plus longtemps.
Pourquoi l’accès au crédit immobilier a été resserré
Ces nouvelles mesures visent à «maintenir des conditions de crédit immobilier dynamiques mais saines pour protéger les ménages», a indiqué le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, à l’issue de la réunion. Cette modification cible en particulier ceux qui achètent pour la première fois. «Il est essentiel pour nous que les Français puissent accéder facilement et dans les meilleures conditions au crédit lorsqu’ils sont primo-accédants», souligne le ministre.
À compter de janvier prochain, les mensualités de l’ensemble des emprunteurs pourront représenter jusqu’à 35 % des revenus, contre 33 % actuellement. Pour un couple avec 3 000 euros de revenus, cela équivaut à 15 000 euros de plus sur 25 ans. De plus, cette durée limite d’endettement va être ajustée pour la vente sur plan. Les crédits pourront passer de 25 à 27 ans afin de tenir compte du décalage inhérent aux travaux dans le neuf ou dans les rénovations lourdes. Enfin, les banques pourront également profiter d’un peu plus de souplesse dans l’application de ces règles. Elles pourront y échapper pour 20 % de leurs dossiers (15 % auparavant), principalement si cela concerne les primo-accédants.
«Ne pas prendre le risque de bloquer la machine»
Ces ajustements étaient très attendus. Fin 2019, l’autorité financière avait demandé aux banques d’être plus vigilantes sur les dossiers qu’elles finançaient. Ces recommandations très suivies ont eu pour effet d’exclure certains ménages du crédit, selon les professionnels. «Cet assouplissement est une excellente nouvelle», réagit Sandrine Allonier, du courtier Vous Financer. En début de semaine, l’association professionnelle d’intermédiaires en crédit avait envoyé un courrier aux autorités leur demandant des assouplissements. «Cette inflexion était indispensable pour ne pas prendre le risque de bloquer la machine et rendre l’accès à la propriété inégalitaire», ajoute Jean-Marc Torrollion, le président de la Fnaim. Mais selon le HCSF, les craintes sur le crédit ne sont pas à l’origine de ces ajustements. «On a eu 20,2 milliards d’euros de crédits produits au mois d’octobre dernier, et si on part du mois de mars, en moyenne mensuelle de production, on est en train de talonner 2019 qui était une année absolument exceptionnelle», souligne une source proche du HCSF.
Les plus modestes écartés du crédit immobilier: la preuve en 4 chiffres
La prochaine recommandation devrait revêtir un caractère plus contraignant d’ici à l’été, en prévoyant des sanctions contre les établissements qui dérogeraient à ces règles. Les prêts non conformes au nouveau cadre fixé par les autorités pourraient coûter plus cher aux banques en fond propres, comme c’est le cas pour les actifs risqués. «C’est un instrument nécessaire mais qui, normalement, n’aura pas à s’appliquer, je n’ai pas de doute sur le fait que la recommandation ajustée sera respectée», indique François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.